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Grand Corps Malade - " Midi 20 "

mardi 23 mai 2006 par artems

Les mots, tout le monde les utilise, mais on les place d’une certaine façon, et on se rend compte de la puissance de leurs significations . Le lexique de la langue française est surement le plus riche au monde, et lorsqu’il est manié à merveille, la vie peut être décrite de façon magnifique, c’est ce que Grand Corps Malade nous relate de façon poétique . Une seule écoute de l’album et les mots et les thèmes sont gravés dans le coeur, les slams de Grand corps malade définissent à eux seuls ce mot qu’est l’"éloquence" . Fabien s’appelle Grand Corps Malade depuis 2003, a remporté les premiers grands tournois de Slam ( Bouchazoreill’ à la Boule Noire puis au Trabendo, Slam United à la Java...) et depuis, arpente toutes les scènes ouvertes des bars parisiens et participe à de nombreux festivals en France avec notemment le collectif 129H .

Grand corps malade est un miraculé de la vie, après avoir survécu à la foudre il y a quelques années, il a rappris à marcher, c’est pour cela qu’on le voit toujours avec sa canne, mais son histoire est sensiblement bien racontée dans " Midi 20 ", et dans " sixième sens " où son slam sensibilise sur les handicapés .

Mais la force de cet homme réside dans le fait que les termes utilisés mélangent tous les styles de language, du soutenu, du courant à un language de "rue", et cet alchimie est le fruit d’une attitude qui respire le positivisme, et qui aspire à la compréhension d’un maximum de personnes . Cette particularité défie les normes et marque sa volonté de rapprocher les hommes, sans en faire trop, on sent énormément de sincérité et de réalisme dans ces propos .

Tout comme le personnage, la musique qui l’accompagne paraît peut-être légère ( si on s’attend à des beats de rap français populaires, mécanique et creux à mourir ), mais celle-ci s’articule parfaitement à l’atmosphère voulue, elle est simplement juste, humaine . Dans "Saint-Denis", il tire un portrait de la ville dont le récit, en parallèle avec le fond sonore fait de bruitages de la rue dans la vie quotidienne, fait voyager l’auditeur à travers les vertues que l’émetteur en perçoit .

" Vu de ma fenêtre " nous plonge au fond de sa philosophie de la vie, à travers son vécu et ses observations, message plein d’espoir que les nappes de synthé et les quelques notes de guitare rendent plus profond . Dans " Rencontres ", les émotions sont personnalisées, Grand corps malade en image le caractère de ces quelques personnages que sont l’innocence, l’amour et sa demi-soeur la haine, la détresse et ses amis ( ou ses ennemis ) sur la route de la vie . " Chercheur de phases ", où la similitude entre LUI et MOI, entre le chercheur d’or et le chercheur de phases, pour 2 strophes avec la même ossature, juste certains mots qui diffèrent .

L’album se clôture sur une note comique mais non moins réaliste sur un slam en live excellent " Ma tête, mon coeur et mes couilles " : "..Mes couilles sont motivées elles voudraient bien pécho cette brune/ mais y’en a une qui veut pas, ma tête me casse les burnes/ Ma tête a dit à mon coeur qu’elle s’en battait les couilles/ si mes couilles avaient mal au coeur et que ça crée des embrouilles/ Mais mes couilles ont entendu et disent à ma tête qu’elle a pas de coeur/ mais comme mon coeur n’a pas de couilles/ Ma tête n’est pas prête d’avoir peur.." Le reste de l’album se savoure, se contemple en passant par "le jour se lève", "ça peut chémar" ou encore "j’ai oublié", je pense que la chronique est assez claire, cet album est fortement recommandé .

www.grandcorpsmalade.com


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